Kristina Pino
7 Avril 2010
Michel Tremblay et L'évolution de la langue au Québec
Les auteurs sont souvent influencés par leur environnement. Pendant les années 50, l'auteur et dramaturge Michel Tremblay a lutté contre les grands problèmes sociaux qui existaient au Québec, surtout ceux qui concernent la langue. Ces problèmes ne sont pas vraiment nouveaux étant donné que la population de Québec est un produit de quelques siècles de colonisation française et aussi britannique. Ces difficultés entre les deux ont explosé pendant les années 50 quand Tremblay et beaucoup d'autres figures intellectuelles ont cherché à créer une propre identité québécoise. Dans ses œuvres, « The King and I » (Les Vues Animées, 1990) et surtout sa pièce Les Belles-Sœurs (1968) Tremblay utilise une variante extrême du français, le joual. L'utilisation de cette langue, qui était la langue de la classe ouvrière, a provoqué une réaction très forte des critiques. Cet essai va montrer la longue évolution de la langue en Québec et le rôle de Michel Tremblay et les intelligentes, qui ont battu contre ces problèmes sociaux.
La division entre les populations anglaises et françaises n'est pas surprenante, quand on considère l'histoire du Québec. La région a d'abord été colonisée par Samuel de Champlain, un explorateur français au début du 17ème siècle. Mais, au milieu du 18ème siècle, pendant la guerre de Sept Ans, les anglais ont pris le contrôle de la région. Bien que cette période de contrôle n'ait pas duré très longtemps, l'existence de ces deux cultures dans une seule région a créé beaucoup de problèmes, surtout avec la langue. Aujourd'hui, les Français forment la majorité de la population au Québec. « The old-stock of English Quebeckers accounts for just 8.5 percent of the population, down from 13 percent in 1971» (UNESCO.org). Mais cette petite population d'anglais n'est pas prête à abandonner sa langue et sa culture. A cause de cela, au Québec, la langue est toujours un grand sujet de débat.
Non seulement y-a-t-il des problèmes entre les langues anglais et français, mais en plus il y a des divisions parmi les gens qui parlent le français. Les analystes de la langue expliquent qu'y a trois types différents de français qui existent au Québec. Alors, il faut montrer les différences entre ces trois types de 'français'- le français de la France, le français québécois, et le joual. Le français québécois n'est pas radicalement différent du français de la France. C'est une forme de français plus vieille, qui vient de l'époque de la colonisation. La plupart des règles de grammaire sont les mêmes, mais la prononciation est un peu différente. J'ai essayé de regarder les nouvelles québécoises, mais l'accent et la prononciation de quelques mots étaient très difficiles à comprendre. Aussi, il y a quelques mots qui sont les mêmes, mais qui sont utilisés de façon différente. Par exemple, en consultant un dictionnaire franco- québécois, j'ai trouvé le mot 'ben'. Comme en France, "ben" est la contraction de "bien", sauf qu'au Québec, en langage parlé, c'est utilisé presque partout à la place de "bien" :" c'est ben trop grand", etc., alors qu'en France, le "ben" est utilisé bien plus rarement ("ben non", "ben oui") (Dictionnaire Québécois – Français). Aussi, à cause de la population anglaise du Québec et de sa proximité avec les Etats- Unis, il y a beaucoup de mots anglais en français québécois. Par exemple, au lieu de dire « être « postuler (pour travail), les québécoise disent « appliquer », de l'anglais « to apply ». (Dictionnaire Québécois – Français. Ces exemples montrent les différences entre le 'vrai' français et le français québécois.
Il y a une autre variation du français qui a pris forme au Québec, qui s'appelle le joual. Le terme joual est "a variant pronunciation of the word cheval, first used by [journalist Quebecois André] Laurendeau in an article in Le Devoir to refer to the French spoken by school children" (Ossipov 945). Le joual est très différent du français québecois. "The fundamental distinction between the two idioms is that Québécois observes a more identifiable set of rules and that it remains closer to the mother tongue than does joual" (Salien, 97). La plus grande différence est la prononciation. Dans le joual, les mots sont déroulés. Par exemple, « oui » est prononcé comme « ouais ». Les pronoms « moi » et « toi » sont prononcés « moé » et « toé ». Aussi, il y a plus de contractions - les phrases semblent être plus courtes. Finalement, il y a beaucoup de mots qui sont uniquement trouvés en joual, comme je vais le montrer plus tard. Ces différences forment une culture ou une mode de vie qui a une présence très forte au Québec.
Bien que l'idée du joual apparaisse en 1930, elle s'est développée pendant les années 60 et 70, période de la Révolution Tranquille qui au début des années 60 « radically transformed Quebec society and changed both how the Quebecois saw themselves and how they were perceived by others" (Dickinson, 411). L'utilisation du joual, qui est traditionnellement considéré une variante extrême du français, a affirmé les changements pour lesquels la population se battait. Les québécois voulaient rejeter une identité et établir complètement leur propre identité. L'usage du joual est devenu un symbole de l'identité nationale et il a sorti la population québécoise d'une longue tradition colonialiste.
Le texte The King and I de Michel Tremblay peint un tableau de la situation au Québec pendant les années 50, en utilisant le joual. Tremblay montre la hiérarchie sociale et politique au Québec avec l'interaction d'une jeune vendeuse dans le rayon des disques d'un grand magasin avec le narrateur. Bien qu'il lui pose une question en français, elle répond en anglais. Tremblay semble être conscient de la situation anglo-française pendant son enfance, en mentionnant que « la politique du magasin voulait qu'on parle anglais… » (Tremblay, 140). Quand il lui parle, il utilise le joual, une langue que la fille peut vraiment comprendre. Bien qu'elle soit française, elle n'utilise pas le français, mais le joual. « Que c'est que tu veux, p'tit crisse, me faire pardre ma job ?» (Tremblay, 141). Avec la politique dans la région, elle doit cacher cette connaissance du français, mais aussi du joual, pour utiliser l'anglais.
En fait, la fille de cette histoire doit nier sa propre identité à cause du pouvoir des anglais pendant cette époque. « It is common knowledge among the residents of Québec that the English exercise a greater share of financial control than their proportion of the population would warrant" (Hughes and McDonald, 493.). Cette inégalité économique a donné aux anglais beaucoup de pouvoir politique et linguistique sur la population française. Mais, pourquoi est-ce que les anglais avaient cette grande influence quand ils n'étaient pas la majorité de la population? Ce problème a explosé dans les années 50-60. D'abord, il y a quelques événements importants qui ont eu lieu pendant les années soixante-dix, et qui concernent la langue en Québec. Sous un gouvernement mené par le Parti Québécois, en 1974, la loi 22 a été adoptée. Cette loi a établi le français comme la langue officielle du pays. Un peu plus tard, en 1977, la loi 101 a été adoptée. Cette loi, qui est aussi appelée « La Charte de la Langue Française, » a plus développé la loi 22. L'anglais est devenu complètement interdit. En plus, la loi a "impos[é] l'usage exclusif du français dans l'affichage public et la publicité commerciale. [Aussi], seule la version française des lois est officielle (langue de la législation et de la justice) » (Office Québécois de la langue Française).
Ce mouvement politique a affecté la littérature où les gens semblent prendre la politique à un niveau nouveau. En 1970, Michèle Lalonde a publié « Speak White », un poème très influent. Elle soutient la population qui parle le français et critique la vie anglaise. Elle dit que l'anglais est une « admirable langue pour embaucher, donner des ordres, fixer l'heure de la mort à l'ouvrage, et de la pause qui rafraîchit, et ravigote le dollar » (Site de Pierre Falardeau ». L'extrait de « The King and I » est l'incarnation de cette idée. La population française (et la langue) sont soumises à l'anglais à cause du fait que la population anglaise a plus d'argent, et donc, plus de pouvoir. Ces deux textes dénoncent cette influence anglaise, et montre la fierté de la population française.
Dans le cas de Tremblay, cet auteur se révolte plus profondément. Il popularise l'usage du joual dans la littérature, en créant une propre identité québécoise. Sa pièce, « Les Belles-Sœurs » était la première pièce au théâtre à être entièrement écrite en joual. Après lui, beaucoup d'auteurs, de dramaturges, et d'autres artistes ont commencé à écrire des œuvres en joual. Tremblay a transformé le joual d'une langue d'enfants et d'ouvriers en une déclaration politique très forte. Il a voulu montrer un système de hiérarchie très profonde. Il a dit « « Une culture devrait toujours commencer par se parler à elle-même » (Malone, 40). Les Belle-Sœurs qui raconte l'histoire d'ouvrières est la première pièce à raconter une histoire de femmes de cette classe sociale. La première représentation de la pièce était en août 1968 au Théâtre du Rideau Vert à Montréal. Je voudrais examiner quelques exemples de la langue et discuter l'effet politique qu'ils ont.
Dans Les Belles-Sœurs, un groupe de femmes se parle de leurs vies. « J'me lève, pis j'prépare le déjeuner! Des toasts, du café, du bacon, des oeufs. J'ai d'la misère que l'yable à réveiller mon monde » (Tremblay). Quand on regarde cet extrait, on voit tout de suite la familiarité avec laquelle les femmes parlent. Bien que le vocabulaire ne soit pas très différent, les contraction au milieu des mots sont quelque chose d'important à mentionner. Au début de toutes les phrases qui commencent avec une structure sujet-verbe, les deux mots sont combinés. C'est intéressant que Tremblay ait laissé la langue comme ça. Dans un sens, il a éliminé un groupe de comprendre son histoire, ceux qui ne peut pas comprendre les contractions ou les mots différents. Mais, c'est toujours très facile de déterminer les mots – surtout si on les dit à voix haute. On voit la même chose avec les verbes dans cet exemple : « Après, j'prépare le souper. Le monde reviennent, y'ont l'air bête, on se chicane ! » (Tremblay) C'est une phrase intéressante parce qu'il n'utilise pas le vrai forme du verbe- le sujet est au singulier et le verbe au pluriel. Il montre les différences entre les échelons différents de la société québécoise. Ces femmes sont pauvres, complètement aliénées de leur société. L'usage du joual montre ça et ajoute un niveau plus profond à la pièce.
Quand j'ai lu ces extraits, je me suis demandée si Les Belles-Sœurs auraient eu la même influence, le même pouvoir politique si la pièce avait été écrite en français « classique ». En fait, c'est juste une histoire de femmes - certainement on peut la traduire en français, ou même en anglais. Mais, je pense que c'est impossible de capturer le ton, ou même l'esprit de la pièce de Tremblay. Selon le critique André Major, « Sans le joual, Germaine Lauzon n'existerait pas, les Belles- Sœurs n'existeraient pas » (Malone, 40). Je suis d'accord avec lui. L'utilisation du joual aide les lecteurs ou les téléspectateurs à se plonger dans le monde de ces femmes- dans leur vrai monde, pas un monde qui est « fixé » par la langue plus correcte. Ces femmes sont d'une classe différente- une classe avec sa propre langue et sa propre identité. Si vous changiez la langue, vous changeriez le message et le pouvoir de la pièce. C'est une démonstration de la fierté de la langue, mais aussi de la classe elle-même.
En contraste à ce côté positif de la langue joual, il y a eu beaucoup de réactions des critiques à cette pièce de théâtre qui étaient fortement négatives. La plupart des gens ont pensé que le joual massacrait la langue française. « Crudeness and vulgarity, lack of structure, and even lack of truth », a proclamé un de ses critiques. "Autant de sacres, de jurons, de mots orduriers de toilette" (Malone, 39). Beaucoup de politiciens ont partagé cet avis. La crudité de la langue a choqué la population qui parlait le français plus correct. La plupart des critiques de cette époque ne venaient pas de cette classe sociale où l'on parlait joual. Ces critiques rejettent le joual, et le message de Tremblay et « supported the ideas and values of the dominant culture » (Martin, 134). C'est exactement la hiérarchie de la société et le manque d'une identité et de respect contre lesquels Tremblay luttait.
Après quelques siècles de colonialisme, les québécois ont décidé de créer une identité qui est la leur. Le débat entre l'anglais et le français a éclaté pendant les années soixante-dix avec les lois 22 et 101. Il se matérialise aussi dans la littérature avec le poème Speak White. Mais quand le français a été déclaré comme la langue officielle du pays, les anglais ont été réprimés. Au milieu de ce débat, un nouveau dialecte a commencé à émerger. Le joual a pris forme comme une affirmation de l'identité québécois. Pour certains, le joual est une résistance, une réaction contre tous les problèmes sociaux qui existaient dans le pays. Ce mouvement, qui a été popularisé dans les œuvres de Michel Tremblay et surtout dans sa pièce, Les Belles Sœurs, a changé la situation au Québec. Tremblay a voulu dissoudre l'hiérarchie qui existait et a établi une identité nouvelle. Bien que beaucoup d'artistes pendant cette période aient soutenu ce la pièce a aussi choqué les critiques et le gouvernement du Québec par la « vulgarité » de la langue. Aujourd'hui, après tout, le joual n'est plus quelque chose de très problématique. Il fait partie de la culture du Québec.
Bibliographie
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Tremblay, Michel. Les Vues Animées: Récits. Arles (Bouches-du-Rhône): Actes Sud, 2000.